Hier en VHF/UHF Par Gilles VE2GC
Ici je vous parle d'un temps que les moins de
20 ans ne peuvent pas connaître comme dit si
bien la chanson. Il ne s'agit pas de ruminer le
passé ni de vous dire une fois de plus que dans
ce temps-là nous faisions ceci de telle ou telle
façon... Mais plutôt de relater l'audace et la détermination
que les adeptes des plus hautes fréquences devaient déployer
pour explorer ce monde peu connu et peu exploité à l'époque.
Il ne faut pas perdre de vue que dans les années 50, plusieurs services de
sécurité utilisaient la bande CB. J'en voie sourire plusieurs... Mais passons
plutôt dans les années 60 où là vraiment a débuter les opérations des
amateurs sur les bandes VHF et UHF. Si durant cette période il fut possible
pour nous d'opérer à ces fréquences, c'est grâce à la disponibilité des
appareils usagés qui sont apparus sur le marché.
Ces équipements provenaient des services gouvernementaux, de différents
services publics, comme les municipalités ou autres. Ici on parle vous
l'aurez deviner des appareils de type Motorola, (Twin V,80D), GE
(43GGV,Progress Line), RCA(Carphone150) ou autres. On pouvait se les
procurer pour 30,50 et 60$ environ selon leur condition et leur nombre
de canaux. Bien sur tous ces appareils étaient à lampes et pour la
plupart ils étaient mobiles, donc fonctionnant sur 12 volts. Ils étaient
tous synthonisés pour opérer dans la bande commerciale soit entre 150
et 170 Mhz. Tous étaient en FM, donc déjà prêts pour nous du côté mode
d'opération.
Leur puissance de sortie se situait généralement
à 25W car la majorité avait des 6146 dans le final.
Juste une parenthèse avant de poursuivre, les amateurs devaient construire
leur propre équipement avant je dirais les années 60 étant donné la non
disponibilité des appareils dont on vient de parler. Je me souviens de
mon premier contact à 144 Mhz avec un Lunch Box de Heatkit à 2 tubes,
avec une puissance de 1/2W et en AM svp... les plus agés s'ent souviendront.
Une fois le dit appareil en sa possession,si on
voulait l'utiliser comme station fixe, il fallait
enlever sa source DC et lui fabriquer une
source AC avec toute la panoplie de voltages
requis soient les +800, +300, -125 VDC et enfin
les 6 et 12 VAC pour les filaments.
Comme ils étaient un peu haut en fréquence,
nous devions ajouter un peu de capacité aux
différents étages critiques, tant du côté RX
que TX,resynthoniser le tout pour opération 2
mètres et voilà nous étions prêts à faire feu sur
144 Mhz.
Pour donner plus de souplesse,certains y
ajoutaient un VFO (tout le monde connaît ça !) à
la réception pour les adeptes du simplex dans
le bas de la bande. En plus on y ajoutait
également un VXO du côté Tx, ce qui permet
d'étirer la fréquence d'un crystal de quelques
khz, donc multiplié par 12 ou 24 pour monter
à 144 mhz, nous permettait ainsi d'être
variable de 144.000 à 144.500. (VXO veut dire
Variable Xtal Oscilator). Ce type de circuit
était très utilisé à ce moment là.
Avant d'opérer sur le VHF, les amateurs
commençaient par aller en HF étant donné la
facilité de se procurer des récepteurs et des
transmetteurs de type Collins, Hallicrafter, National
Heathkit ou autres.
Donc plusieurs utilisaient leur récepteur HF
avec un convertisseur VHF à l'entrée. Ceci
leur permettait de synthoniser toute la bande
de 2 mètres de 144.000 à 148.000 en utilisant
leur récepteur comme étage IF variable,donc
par exemple le 6 mètres, soit de 50 à 54 Mhz,
ou le 10 mètres de 28 à 30 Mhz, leur donnant
144.000 à 146.000 Mhz.(Vous voyez le truc!).
À ce moment là, il s'agissait d'utiliser
seulement la portion TX du Motorola(ou GE..), la
portion réception étant pris en charge par le
récepteur HF avec son convertisseur. Le
même principe s'applique si on ajoute un
convertisseur UHF au récepteur HF. Ceci
permettra de recevoir par exemple 432.000 à 434.000
Mhz sur 6 mètres ou 10 mètres.
Pour y ajouter plus de professionalisme à leur
hobby,comme le récepteur HF ne recevait
pas le FM à cette époque, ne reculant devant
cet irritant, l'amateur chevronné utilisait la
portion détecteur FM du récepteur Motorola
(ou GE..) et le reliait à l'étage IF du récepteur
HF, lui permettant ainsi de capter le FM en
plus du SSB, CW, AM de son récepteur tout
usage.
Pauvre amateur, me diriez-vous! Il peut transmettre à 144, recevoir à
144,recevoir à 432 mais il ne peut pas transmettre à 432 Mhz. Quel
honte !
Encore une fois, face à ce dilemme, l'amateur se mit à se renseigner,
à fouiller, à consulter et voilà qu'un jour il s'apperçoit qu'il a
la réponse dans sa bibliothèque.
Regardez la figure précédente. Une édition du QST
1966 contenait justement la solution à notre
amateur audacieux. Ce petit circuit de la page
couverture décrit justement un article sur la
façon d'aller plus haut en fréquence en
utilisant une diode Varactor. Celle-ci une fois
excitée par une source RF génère des harmoniques
avec une efficacité de transfert inégalée.
Donc en l'excitant à 144.000Mhz à une puissance
de 30W, cette dernière peut être synthonisée
à 432.000Mhz à l'aide d'un circuit approprié et
donner une sortie de 15 à 18W à ces fréquences,
car ici ce dont nous avons besoin c'est bien
de transmettre à 432 Mhz... Nous pourrions au besoin choisir une autre
harmonique et opérer à 1200 Mhz ou autre !
Je vous fais grâce du circuit tripleur de
fréquence décrit dans le QST, croyez-moi il est
simple !
Voir les figure suivantes pour la diode
Varactor et un montage de tripleur de fréquence.
Pour terminer mon exposé,notre amateur
a enfin la possibilité de transmettre sur
le 400 Mhz.
Il peut maintenant utiliser son transmetteur Vhf et à
l'aide se son tripleur miracle il peut
désormais transmettre également sur
400.N'oubliez-pas que cette diode n'est
qu'alimentée de façon RF….ce qui pour
l'époque était une révolution et ouvrait
les portes à de grands rêves.
N'oubliez pas que nous sommes dans le
milieu des années 60 et qu'on parlait de
répéteur depuis peu de temps...
Les mots Kenwood, Yaesu, Icom ne
faisaient pas parti de notre vocabulaire
d'amateur...
Au début, tout amateur allait sur HF et
devait acquérir une certaine expérience
avant de pouvoir espérer un jour
aller explorer le VHF et le UHF.
Maintenant c'est l'inverse qui se passe...
il faut vivre avec son temps !
Je n'ai pas voulu vous ennuyer avec mes histoires
des années 50 et 60 sur les plus hautes fréquences,
mais bien vous divertir un peu…et de vous
décrire le plus fidèlement possible la façon dont
les amateurs s'y prenaient pour aller explorer ces
fréquences excitantes !
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